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« La mortelle beauté de la route du Klausen »

Ce titre est celui d’un article paru en 2013 dans le journal le Temps. Un article au ton assez dramatique, qui peut soit vous pétrifier, soit vous donner envie d’aller vérifier ce qu’il en est sur le terrain.

J’opte pour la seconde option en septembre 2023. Un mini-voyage de deux jours depuis Ziegelbrücke, localité à cheval sur les cantons de Glaris et de St-Gall, jusqu’au célèbre Kapellbrücke de Lucerne.

Jour 1 : Klausenpass

Départ le 7 septembre à 10h30 de la gare de Ziegelbrücke, située sur sol saint-gallois. Traversée du canal de la Linth, et me voici déjà dans le canton de Glaris. Je remonte la Linth dans une vallée assez plane, parsemée de nombreux témoignages de la tradition industrielle de la région : filatures de laine et de coton, imprimeries textiles, centrales hydroélectriques, usines de métaux et de machines.

Cette région présente également l’intérêt d’être classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, sur une surface de 300 kilomètres carrés autour du Piz Sardona. Cela en raison d’un phénomène géologique de chevauchement, c’est-à-dire des roches anciennes se trouvant au-dessus de roches plus jeunes.

Arrivé à Linthal, je quitte la Linth et débute la montée du col du Klausen, vers l’ouest. Il est midi, il fait chaud. Un peu trop pour un mois de septembre, avec des températures avoisinant les 35° sur mon compteur. L’ascension devient vite difficile.

Après une dizaine de virages, j’arrive à l’Urnerboden. Réputé être le plus vaste alpage de Suisse, il peut accueillir 1’200 vaches durant l’été. Bien que situés sur le versant est du col, ces pâturages se trouvent déjà dans le canton d’Uri.

Pour ma part c’est un « jour sans », et je subis plus que je n’apprécie cette montée.

Enfin au sommet du Klausen, à 1’948 m, je me laisse redescendre jusqu’à Altdorf. Le versant vertigineux décrit dans l’article du Temps (un à-pic de 600 m) se trouve sur ma gauche. Tant mieux pour mon vertige. Je colle à la paroi rocheuse sur ma droite.

De retour en plaine, je remonte la vallée de la Reuss depuis Flüelen, à la pointe sud du lac des Quatre-Cantons. Il s’agit de la route qui mène à Andermatt puis au Gothard. C’est plat jusqu’à Amsteg. Puis ça grimpe. Je vérifie s’il n’y a pas un train car mes jambes ne suivent plus. Mais rien de concluant, donc je me motive à poursuivre.

J’arrive enfin à Gurtnellen où j’ai réservé mon hôtel. Mauvaise surprise : s’il se situe presque au centre du village sur la carte, il faut gravir 300 mètres sur une route très raide pour y arriver. Je suis à bout de force et je dois pousser certains passages pour rejoindre ma pension du soir.

J’y fais la connaissance d’un couple de retraités hollandais en route vers l’Italie. Monsieur étant nettement plus âgé, il se repose. Madame me propose de partager la fin d’une bouteille de Pommard tiède, entamée deux jours plus tôt du côté d’Utrecht. Elle m’explique qu’il aurait été dommage de ne pas profiter d’un si bon vin jusqu’à la dernière goutte. Bouteille accompagnée de petits cubes de goudas joliment piqués de moisissures. Je m’exécute pour la forme et m’éclipse assez vite.

Je mange (pour de vrai) sur la jolie terrasse de la Pension Bergheim. J’ai de la peine à récupérer. Je ne sais pas si la bratwurst et la bière me font ou non du bien. Je me couche tôt, épuisé.

Jour 2 : Sustenpass

Le lendemain, départ à 6h30. Histoire de ne pas renouveler le coup de chaud de la veille.

Je remonte la route du Gothard jusqu’à Wassen où je quitte la Reuss et bifurque vers l’ouest en direction du col du Susten. Le sommet, qui marque la frontière entre les cantons d’Uri et de Berne, se situe dans un tunnel à 2’224 m. C’est plus haut que le Klausen d’hier, mais j’y arrive avec beaucoup plus de facilité.

Puis une longue et belle descente jusqu’à Innertkirchen où je rejoins la vallée de l’Aar. Un mini col au niveau des gorges de l’Aar et j’arrive à Meiringen.

N’étant absolument pas motivé à affronter la circulation du Brünig, je prends le train jusqu’au sommet du col (1’008 m). J’entreprends ensuite la descente finale vers les lacs de Lungern et de Sarnen puis, à nouveau, celui des Quatre-Cantons, par son bras ouest cette fois-ci.

J’arrive à Lucerne et son célèbre Kapellbrücke. Photo souvenir avec les touristes asiatiques. Puis retour direct vers Genève avec l’IR 15.

Je suis vivant! J’ai vaincu la mortelle beauté du Klausen (et du Susten par la même occasion).

Au compteur

  • 2 jours
  • 215 km
  • 3833 m D+

©Photos: Grégoire Pralong